Recyclamer, l’aspirateur des mers

Interview réalisée par le service communication de l’Université de Limoges

Alan d’Alfonso Peral est le concepteur de Recyclamer, l’aspirateur des mers et directeur de la start-up Recyclamer Innovation issue de l’incubateur de l’université (AVRUL). Rencontre.

En quoi consiste votre projet ?

A créer et commercialiser un aspirateur flottant capable de dépolluer les milieux aquatiques. Il collectera les déchets solides mais aussi liquides. Pour cela nous travaillons avec l’ENSIL et le laboratoire PEREINE pour la récupération des hydrocarbures. Le caractère innovant se traduit par le développement, unique au monde, d’un procédé de collecte des résidus flottants, solides ou liquides, dans les espaces aquatiques. De nature solaire photovoltaïque et électronique, le Recyclamer sera proposé pour le nettoyage des espaces aquatiques (lacs, étangs), côtiers, et portuaires. Il collectera tous résidus flottants, y compris les hydrocarbures et cyanobactéries de ces zones polluées.

Le prototype intégrera des fonctionnalités modernes (guidage par GPS) et permettra de collecter des polluants liquides tels que le gasoil, les huiles, etc.

Un partenariat industriel avec EDF est en cours de finalisation.

Comment vous est venue cette idée ?

Je suis plongeur et je navigue beaucoup en Atlantique ou en Méditerranée. J’ai vu le milieu aquatique subir une nouvelle pollution, notamment par les matières plastiques, qui n’existait pas il y a 30 ou 40 ans. Nous avons monté une association, avec des collègues de Guéret, qui s’appelle Recyclamer, pour sensibiliser, éduquer mais aussi collecter les déchets. Suite à plusieurs nettoyages manuels, j’ai pu me rendre compte des difficultés liées à la collecte.

Quelles sont-elles ?

Ce nettoyage sous-marin est très compliqué car les déchets comme les sacs plastiques se détériorent dans l’eau, avec le soleil, l’eau et le sel, et donc sont friable lorsqu’on les récolte. Ces petits morceaux de plastiques qu’on ne collecte pas sont mangés par les poissons et finissent logiquement dans notre assiette. Mon projet est d’enrayer ce schéma déjà en marche en réussissant à collecter ces déchets avant qu’ils ne coulent. L’idée est donc née de ce constat, de mes connaissances et de discussions avec des ingénieur.e.s que je connais.

Ce genre d’aspirateur n’existait pas auparavant ?

Non, c’est pour cela que je m’investis dans ce projet. Un premier brevet a été déposé. L’innovation consiste à récolter des déchets liquides en utilisant le moins d’énergie possible. Le robot fonctionnera à l’énergie solaire, sans émettre de CO2.

Le dispositif pourrait être utilisé lors des marées noires ?

Oui, le but est de développer 10 Recyclamer qui travailleraient en autonomie pour récolter des déchets lors de marées noires.

Quelles sont les prochaines étapes de votre projet ?

En juin nous devrions pourvoir avoir les premiers Recyclamer de taille S. Le développement industriel est prévu pour l’année 2019. L’idée est d’équiper les ports et les plans d’eau, et en 2020, de pouvoir livrer les grands Recyclamer pour récupérer les déchets flottants solides ou liquides en haute mer.

C’est un robot qui va coûter cher ?

Nous allons essayer de le rendre le moins cher possible afin de le rendre accessible au plus grand nombre. Aujourd’hui le prix de vente est aux alentours de 8000 €.

Quelle est votre formation de départ ?

J’ai fait 6 ans de médecine, en radiologie. Pour des raisons personnelles, j’ai dû partir d’Argentine, 8 mois avant la fin de mes études. Je suis arrivé à Guéret car je connaissais des gens là-bas. Ce n’est pas ma première expérience de création d’entreprise. J’ai déjà créé des cliniques en Argentine, j’ai également eu un bar-restaurant à Paris. Au début l’idée n’était que de travailler bénévolement pour la nature mais la demande et le besoin de ce dispositif a fait que je développe une entreprise.

Comment êtes-vous rentré dans l’incubateur de l’AVRUL et pourquoi ?

Il me manquait l’expertise et l’accompagnement pour développer l’entreprise et les recherches. C’est une chance de faire partie de l’incubateur. Cela permet de se créer un réseau mais également de se former en tant que personne, car tous les porteur.e.s de projet sont différent.e.s et les échanges sont très riches.

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