« Quel est le poids économique de l’université de Limoges ? »

Article de Sébastien Dubois paru le 3 octobre 2018 dans le Le Populaire du Centre

Hormis la structure elle-même, son importance se mesure aussi à la création d’entreprises et d’emplois qu’elle engendre. Et Limoges s’en sort mieux que bien.

« On a commencé à deux, place Churchill. Aujourd’hui, on est 150. » Ces trente dernières années, rares ont été les success story industrielles limougeaudes. PDG de Cerinnov, Arnaud Hory ferait même figure d’exception. Venu du Nord, il a effectué ses études à l’école d’ingénieur « en spécialité céramique », précise-t-il. Depuis, il a créé, avec sa femme, une société transnationale, présente en « Allemagne, Portugal, Angleterre et aux États-Unis ». « On a créé l’entreprise ici car il y avait un environnement intéressant dans la céramique », analyse le dirigeant. Sans oublier des formations de bon niveau.

Start-up city

Localement, le poids économique d’une université se mesure aussi à cela : le nombre d’entreprises créées par des anciens étudiants. À Limoges, le travail de synthèse entre recherche de haut-niveau et application commerciale au sein de l’université a permis de redonner un vrai dynamisme à l’écosystème local. En dix ans, l’incubateur de l’agence de valorisation de la recherche (AVRUL) a accompagné 112 projets, pour 74 créations de start-up et 55 entreprises toujours en vie. « On a un taux de survie à trois ans de 100 %, 80 % à cinq ans, détaille Youssef Boughlem, directeur de l’AVRUL. Cela fait 291 salariés, avec une typologie d’emplois, ingénieurs ou doctorants, qui est intéressante. »

Pierre-Marie Preux. 

« On a également un taux d’exploitation des licences qui frôle les 30 %, complète-t-il, quand les bons élèves sont autour de 22 %. » La qualité et l’originalité des recherches au sein de l’IRCER*, d’XLIM ou des laboratoires de renommée internationale constituent un terreau fertile au développement économique. Le succès de Cerinnov s’appuie notamment sur un brevet de « fritage céramique sur différents supports », raconte Arnaud Hory. « Au départ, pas grand monde n’y croyait et on a commencé comme prestataire de service, mais on a fini par se développer à partir de là », analyse le chef d’entreprise.

« Un tropisme pour le développement »

L’ENSIL-ENSCI** a également fourni son lot de jeunes pousses performantes. « Addidream, Ferlim, Byophitos, liste le directeur de l’école d’ingénieur, Patrick Leprat. On a aussi coaché Prodontis. La matière première, c’est d’avoir des élèves ingénieurs bien formés. Et là, on a à la fois des formations d’excellence et des structures d’accueil et d’accompagnements efficaces.

« Le début d’une ville qui renaît »

Dans cette optique, le projet de reconnaissance de l’école d’ingénieur par le label « INSA Nouvelle-Aquitaine » constituerait à la fois un satisfecit et un bond en avant formidables. « Je vais m’y investir fortement », promet Arnaud Hory, enfilant cette fois sa casquette de président de l’ENSIL-ENSCI. « Si cela aboutit, on parle de passer de 823 à 2.200 étudiants à l’horizon 2023, souligne-t-il. Ça fait autant de créateurs d’entreprises potentiels et ce peut-être le début d’une ville qui renaît. »
(*) IRCER : Institut de recherche sur les céramiques.
(**) ENSIL-ENSCI : école de commerce issue de la fusion de l’École nationale supérieure d’ingénieurs de Limoges et de l’École nationale supérieure de céramique industrielle.

 

Une Université au poids économique certain

 
En dehors de l’impact sur la création d’entreprises, l’Université de Limoges constitue également une chance pour l’économie locale. Avec près de 1.900 salariés, l’établissement d’enseignement supérieur se range parmi les principaux employeurs de la région. La présence de 10.000 étudiants en ville, dont 45 % viennent de villes extérieures à l’académie de Limoges, contribue à la fois au commerce local et au rayonnement extérieur de l’ancienne capitale régionale.

« Les dépenses de fonctionnement et d’équipement se font à plus de 40 % auprès d’entreprises régionales », assure également l’Université. Cela ne l’empêche malheureusement pas de souffrir de l’enclavement de l’économie limousine.

« On a un déficit de chercheurs de grands organismes de recherche pour venir à Limoges, pointe Pierre-Marie Preux, vice-président en charge de la recherche. Mais on arrive quand même à attirer des doctorants. On a 25-30 contrats régionaux. On résiste bien, on est 2e après Bordeaux en terme de projets comme de doctorants. Ce sont aussi des créations d’emploi. »

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