Dyameo : une nouvelle méthode pour le diagnostic du cancer

Interview réalisée par le service communication de l’Université de Limoges

Cédric Enguehard est président et fondateur de Dyameo, une start up qui propose une nouvelle méthode pour le diagnostic de cancer in-situ et instantanée.  Cet ancien étudiant de l’Université de Limoges (docteur issu du laboratoire XLIM), a travaillé pendant 5 ans chez AMCAD Engineering avant de se lancer dans le projet de création d’entreprise.

Comment vous êtes-vous lancé dans cette aventure ?

J’en ai entendu parler par Jérôme Desroches de la société KAMAX d’un projet régional porté par deux laboratoires de l’Université – l’IRCER (ex-SPCTS) et Capture (ex-HCP) – et la start up KAMAX Je m’y suis intéressé et j’ai décidé de quitter AMCAD. Cela fait un an que je suis incubé à l’AVRUL.

Quel est l’objet de Dyaméo ?

Les praticiens-hospitaliers du CHU cherchaient un instrument qui leur permettrait de discriminer les cellules saines des cellules cancéreuses, sous endoscopie. L’équipe Capture a travaillé sur l’aspect biologique. Elle a trouvé des marqueurs sur certaines cellules cancéreuses.

L’IRCER a étudié comment accrocher ces marqueurs grâce à un matériau spécial. KAMAX a travaillé sur la partie photonique. Notre prototype est une  fibre optique  au bout de laquelle un matériau spécifique maintient un ligand biologique qui réagit au contact des cellules cancéreuses.

Comment ça marche ?

La fibre d’à peu près deux millimètres de diamètre passe par le canal opératoire d’un endoscope, tube au bout duquel il y a une caméra. Notre sonde détecte les cellules cancéreuses au contact des tissus du patient.

Les premiers marchés visés sont ceux de l’ORL (la gorge, le nez, le pharynx) mais aussi  les voies aéro-digestives supérieures (l’estomac, les poumons), et le colon.

En quoi est-ce innovant ?

Aujourd’hui, le praticien qui utilise un endoscope obtient une image qu’il interprète pour faire le diagnostic. Souvent, Il doit faire un prélèvement qui sera ensuite analysé en laboratoire avec un résultat accessible au bout de quelques semaines.

Ce que Dyameo propose ce sont des tests qui sont normalement faits en laboratoire, directement dans le patient et de manière instantanée.

Ce dispositif permet-il d’éviter les biopsies ?

Il permet d’éviter les biopsies inutiles car le praticien verra si les cellules sont saines ou s’il y a un problème. A ce moment-là, il peut faire une biopsie pour être sûr de ce qu’il se passe ou traiter directement la zone par une chirurgie pour retirer le tissu cancéreux. Le problème, c’est qu’au cours d’une chirurgie  le praticien prend une marge sur les tissus sains et fait des biopsies autour pour vérifier qu’il ne reste pas de tissus cancéreux (s’il reste des tissus cancéreux, la tumeur va réagir et  s’étendre rapidement). La solution actuelle sont les biopsies « ex temporane », c’est-à-dire que le chirurgien fait analyser le prélèvement ‘instantanément’ pour savoir s’il reste des tissus cancéreux. Cette analyse dure environ 20 minutes, temps durant lequel le patient et toute l’équipe chirurgicale est au bloc.

Les chirurgiens peuvent faire jusqu’à 7-8 biopsies « ex temporane ». Cette multiplication des examens multiplie également le temps passé au bloc, ce qui engendre un temps de récupération plus long pour le patient sous anesthésie générale, mais aussi des frais pour l’hôpital.

Le fait d’amener une réponse instantanée avec notre sonde permet donc un gain de temps, des économies pour l’hôpital et une récupération plus rapide pour le patient.

Le système fait lui-même l’analyse des marqueurs tumoraux (présence ou non de marqueurs tumoraux spécifiques), ce qui implique : une utilisation par un  grand nombre de praticiens (pas de formation spécifique nécessaire), une meilleure fiabilité du diagnostic, une aide à la délimitation de la tumeur notamment pour les actes de résection et une technique peu invasive. Ce dispositif médical dont l’utilité est l’amélioration du parcours de soin du patient atteint de cancer (diagnostic, aide à la chirurgie et suivi) permet aussi une diminution des coûts de la prise en charge.

Un dépôt de brevet est-il prévu ?

Deux brevets ont déjà été déposés. Nous sommes en train de réfléchir à d’autres dépôts.

Pourquoi êtes-vous rentrer dans l’incubateur de l’AVRUL ? Qu’est-ce qu’il vous apporte ?

Rentrer à l’incubateur est un moyen de crédibiliser le projet puisque nous sommes passés devant une commission qui rassemble des experts techniques, des experts du monde de l’entreprise et/ou de la finance.

Ensuite, il y a l’appui, au quotidien, des compétences qu’il y a dans l’incubateur : des juristes, des professionnels du monde de l’entreprise.

Mais il y a aussi l’accès à un financement d’une période d’un an, ce qui permet d’être à peu près serein pendant la première année, pour lancer les premières démarches.

 

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